À l’heure où de nombreux pays occidentaux appliquent ouvertement des politiques conservatrices, impérialistes, où l'extrême-droite représente un tiers de l'assemblée nationale en France, où la diffusion de discours haineux est totalement décomplexée, où la banalisation des discours racistes, islamophobes et sexistes de l’extrême-gauche à l'extrême-droite n'a plus de limites, nous décidons de marquer une opposition ferme, collective et féministe contre l'État colonial et ses institutions racistes et sexistes. Notre féminisme sera toujours antifasciste.

À Grenoble comme ailleurs, les politiques mettent en danger les droits des femmes, des personnes sans-papiers, des personnes précaires ou LGBT qui subissent de plein fouet leurs conséquences : la stigmatisation des femmes portant le foulard, la remise en question de droits tels que le mariage pour tous et toutes, le droit à l'avortement ou l'accès à la transition médicale, la précarité accrue des personnes racisées, ou encore le refus de l’accès aux droits fondamentaux des personnes sans-papiers.

Ces dernières décennies, les gouvernements successifs construisent de toutes pièces une islamophobie décomplexée ; par l’élaboration progressive d’un arsenal législatif et des offensives médiatiques et politiques sur des sujets visant directement les personnes musulmanes. Depuis la loi de 2004 contre les signes religieux à l’école visant le foulard et celles qui le portent, les lois liberticides se succèdent, avec entre autres : 2010, l’interdiction de la dissimulation du visage dans l’espace public. L’état d’urgence promulgué en 2015, la loi SILT en 2017 qui justifie le harcèlement et la surveillance des personnes racisées sous motif terroriste. 2021 , la loi séparatisme réprime les droits d’organisation et de culte des musulman.es . En 2022, le conseil d'État suspend les règlements intérieurs autorisant les maillots de bain couvrants dans les piscines municipales. La macronie réussi a connecter tout l’échiquier politique français autour de l’islamophobie. Comme en cette rentrée : l’interdiction de la abbaya à l’école et la loi Asile-Immigration de Darmanin qui se prépare à passer en 49.3. 

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À travers ces politiques racistes, les musulman.es, personnes non-blanches et habitant.es des quartiers populaires sont désignées comme les ennemi.es intérieur.es, ciblées par une police armée, dont les violences sont légitimées par l'État et la justice. Nous nous positionnons strictement pour l'abolition de la police, contre le système carcéral et le triptyque police-justice-prison. Nous n'attendons rien de ces institutions, structurellement racistes, coloniales, sexistes et transphobes. Nous croyons en d'autres formes de justice et de réparation s'inscrivant dans notre auto-organisation et dans une gestion collective des violences.

Le féminisme blanc a, depuis le début, tenu une posture fondamentalement raciste, qui a permis la construction des discours tenus aujourd'hui par l'extrême-droite : il ne s'agit pas seulement de récupération mais bien d'une mise en place de liens solides entre les parti politiques et les idées des femmes blanches de pouvoir. Il est aujourd'hui nécessaires de marquer un positionnement strict contre toutes les idées racistes, contre un féminismes blanc et bourgeois, qui, de par la question de la défense des femmes, répand des idéaux nationalistes et libéraux de la classe dirigeante.

Les oppressions vécues par les femmes diffèrent, entre les femmes blanches, les femmes non-blanches, les femmes lesbiennes, les femmes trans ou les femmes précaires. Pour autant, nous reconnaissons nos diversités pour construire la force de notre solidarité.

Depuis les campagnes présidentielles 2022, notre groupe s'est créé avec le besoin de mettre les enjeux féministes au cœur des luttes antifascistes, et inversement. Dans ce but, nous nous organisons notamment au sein de l'Assemblée féministe de Grenoble, de la Coordination nationale féministe et de l'Inter-orga contre l'extrême-droite Isère.

Nous appelons à la solidarité entre les femmes, avec les personnes minorisées de genre, les personnes non-blanches, sans papiers ou mal logées, handi, et toutes les personnes subissant les violences du système actuel, patriarcal et raciste.

Septembre 2023

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